Vous venez d’adopter un chiot et vous appréhendez déjà de le laisser seul ? Vous craignez les pleurs, les destructions et autres joyeusetés causées par l’anxiété de séparation ? Je vous comprends. C’était aussi le cas de Noony qui se transformait en mini bulldozer lorsque je m’absentais. Elle ne le faisait pas pour se venger, comme certains ont pu le dire, mais parce qu’elle était dépassée par ses émotions. Qu’on se le dise, le chien n’est pas fait pour attendre des heures que nous rentrions du travail. Mais nos modes de vie étant ce qu’ils sont, il nous faut apprendre à nos chiots à rester seuls. Cet article est là pour vous aider à y arriver 😌.
Comprendre l’anxiété de séparation
L’heure du chamboulement
Accueillir un chiot est un grand chamboulement. Il faut repenser nos habitudes et se faire à la nouveauté d’avoir un nouvel être dans notre vie. Mais pour le chiot, ce changement est un véritable tsunami. Il est arraché à sa mère, à sa fratrie et se voit propulsé dans un environnement qu’il ne connaît pas.
En bref, c’est la panique.
Sa seule bouée de sauvetage ? Vous. Vous qui êtes allée le chercher et avez pris soin de lui depuis, vous êtes désormais son monde entier. Sa figure d’attachement, son gage de sécurité 🥹.
Les comportements indésirables
Cet attachement couplé à l’insécurité ressentie fait qu’une absence peut vite devenir insupportable. Et c’est en général là qu’apparaissent des comportements indésirables tels que 👇:
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les aboiements,
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les destructions,
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les pleurs interminables,
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la malpropreté (en sachant qu’un chiot commence à pouvoir se retenir physiquement entre 4 et 6 mois),
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l’ingestion d’objets,
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l’automutilation.
L’apprentissage de l’autonomie n’est pas inné. En effet, le chien est un animal social qui vit en groupe, il a donc besoin d’être accompagné pour bien vivre la solitude.
Apprendre à son chien à rester seul
La méthode progressive
Le meilleur moyen d’apprendre à son chiot à rester seul est d’y aller petit à petit 🐢.
Commencez par l’occuper, en lui donnant un jouet qu’il aime particulièrement. Sortez une ou deux minutes de la pièce, puis revenez.
L’objectif est de montrer au chien légèrement distrait que vous revenez très vite et que votre absence n’est pas très importante. Recommencez l’exercice en sortant de plus en plus longtemps.
Votre chien reste calme ? 🥳
Renouvelez l’expérience sans occupation. Je vous conseille toutefois de vous absenter lorsque votre chiot est calme ou fatigué ou détendu. Partez quelques minutes, puis de plus en plus longtemps.
Prenez votre temps et lâchez prise (je sais, plus facile à dire qu'à faire 😉).
Vous aurez peut-être parfois l’impression de faire du surplace et c’est normal. C’était mon cas avec Noony qui ne supportait pas que je puisse la laisser derrière moi. Pire, elle paniquait et m’en faisait voir de toutes les couleurs dès lors que je la quittais des yeux. Son insécurité m’épuisait.
J’ai donc utilisé cette technique par paliers et ça a marché. C’était long. Je me suis sentie découragée plus d’une fois parce que les résultats ne me semblaient pas assez rapides. Mais avec le temps, de la patience et de la persévérance, tout a fini par s’apaiser.
Noony m’a beaucoup appris. Elle m’a fait comprendre qu’éduquer un animal dans le respect nous donne l’occasion de grandir intérieurement.
J’ai aussi compris grâce à elle que chaque chiot a son propre rythme, son propre degré de sensibilité et de vulnérabilité. Et que ce qui a marché pour un chien ne marchera pas forcément pour l’autre.
Pour finir, j’aimerais vous partager ce petit exercice qui m’a permis de dédramatiser mon absence avec Noony : le jeu du cache-cache.
Ça parait un peu concombre dis comme ça, mais le chiot a tendance à croire que vous disparaissez totalement lorsqu’il ne vous voit plus 😅. Le fait de vous cacher quelques instants derrière quelque chose pour ensuite réapparaître peut l’aider à comprendre que vous ne partez jamais longtemps.
L’importance de combler les besoins essentiels
Un chiot dont les besoins essentiels ne sont pas comblés ne sera pas capable de gérer la solitude.
Veillez donc à ce qu’il ait le ventre plein et puisse s’occuper durant votre absence (en lui fournissant par exemple un jouet à remplir de récompenses ou de pâtée congelée, des friandises à mastiquer ou un tapis de léchage).
👉 N’oubliez pas de le sortir pour qu’il puisse faire ses besoins et se défouler, aussi bien physiquement que mentalement (en le laissant renifler à sa guise).
Les autres petites astuces
Voici d’autres idées en vrac à explorer pour aider à votre chien à s’apaiser lorsque vous n’êtes pas là :
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Passer une playlist apaisante pour chien : si si, ça existe et c’est même prouvé scientifiquement !
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Explorer la phytothérapie, les compléments alimentaires ou les friandises antistress : bien sûr, n’hésitez pas à demander conseil à votre vétérinaire.
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Tester le Thundershirt : je n’ai pas testé ce produit, mais j’ai eu de nombreux retours positifs au sujet de la thérapie de compression.
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Miser sur les phéromones : elles apaisent le chien en imitant celles sécrétées par les chiennes allaitantes pour calmer leurs petits.
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Essayer le CBD : extraite du chanvre, cette substance aux vertus relaxantes n’est pas réservée qu’aux humains !
Oublier les mauvais conseils
Avoir un chien, c’est un peu comme avoir un enfant. Tout votre entourage se croit soudainement permis de vous donner des conseils ou de critiquer votre manière de l’éduquer.
Parmi toutes les injonctions, voici celles qui, à mon avis, méritent la poubelle (ceci n’engage que moi d’après mon expérience et celles des éducateurs canins en qui j’ai confiance).
Mettre le chien dans une cage fermée
Il peut être tentant d’enfermer le chiot dans une cage pour éviter les destructions et sécuriser le chien. Mais pour ça, il y a l’enclos (une sorte de parc à bébé).
La cage est faite pour les déplacements en voiture, pour le véto ou pour être utilisée comme niche, à la rigueur. Et uniquement pour ça.
Même les chiens en chenil (qui nous font bien de la peine) doivent avoir accès à un espace minimum de 5 m2 ! Et l’on voudrait nous faire avaler qu’il est normal d’enfermer son chiot durant des heures dans une cage où il peut à peine faire deux pas ? Mmmh laissez-moi en douter 🥲.
Le parc (qui respecte bien sûr un minimum de 5 m2) peut être une alternative intéressante à la cage. Elle permet au chiot de pouvoir se mouvoir comme il le souhaite sans pour autant avoir à portée de dents tout ce qui se trouve dans votre maison.
Quelle que soit la solution que vous choisissez, prenez le temps d’habituer votre compagnon à ce nouvel espace. Pas question de l’y enfermer sans transition la veille de votre retour au travail !
Rappel : même dans un enclos, un chien n’est pas fait pour rester seul toute une journée.
Laisser le chiot seul les premières nuits
Je fais partie de la génération à qui l’on a dit de laisser pleurer le chiot la première nuit, mais je suis convaincue que ce n’est pas la meilleure approche.
Lorsque j’ai adopté Noony, j’ai été surprise de constater qu’elle ne pleurait pas. Elle s’est simplement installée dans un coin et a attendu que j’éteigne la lumière.
À seulement 1 mois et demi, elle était déjà passée par plusieurs propriétaires et n'avait pas été sevrée correctement.
Ma vétérinaire m’a expliqué que Noony avait probablement appris très tôt qu’il était inutile de demander de l’aide.
En réalité, un chiot normalement constitué pleure souvent la première nuit et a besoin d’une présence. Je ne vous dis pas forcément de le laisser dans votre chambre (ça dépend de vous), mais pourquoi ne pas dormir avec lui au salon, au moins pendant les premières nuits, pour qu’il se sente rassuré ?
Après tout, vous allez de toute façon devoir le sortir pendant la nuit pour l’habituer à la propreté, donc autant en profiter pour le réconforter en cas de besoin 😊.
Le punir en rentrant chez vous
Un chiot n’est pas capable de faire le lien entre votre colère et la bêtise qu’il a faite il y a plusieurs heures. En le punissant dès votre arrivée, vous risquez juste de lui faire comprendre que votre retour est désagréable et stressant 😐.
Comme dit dans mon intro, j’entends souvent dire que le chien se venge de notre absence, en détruisant ou en faisant ses besoins. C’est faux. Laissons la rancune à l'humain. Le chien vit dans le présent et n’a pas les compétences psychiques pour élaborer un plan d’action plein de ressentiments.
Épuiser le chiot juste avant de partir
L’idée d’épuiser le chiot juste avant de partir peut sembler logique à première vue. On peut penser qu’un chiot fatigué sera moins susceptible d’être stressé ou de causer des dégâts en notre absence.
On le sort donc pour de longues promenades, on le fait jouer intensément, dans l’espoir de le fatiguer. Mais souvent, on est surpris de constater que ce petit être semble se recharger dès son retour à la maison et devient encore plus excité.
C’est généralement à ce moment-là qu’il se lance dans ses fameux « quarts d’heure de folie » 🤡.
Je ne remets pas en question l’idée de fatiguer le chiot (avec parcimonie), mais il est important de prévoir un temps de transition avant votre départ pour l’aider à se calmer et à retrouver son équilibre.
Partir en cachette
Il est courant d’entendre des conseils préconisant de partir en douce pour rendre le départ moins difficile. Mais en réalité, ça produit souvent l’effet inverse.
De nombreux chiots peuvent paniquer lorsqu’ils comprennent que leur humain est parti. Ils restent ensuite en état d’hypervigilance pour être sûrs de ne pas se faire à nouveau berner.
Il est préférable soit d’ignorer complètement le départ, une méthode qui fonctionne pour certains chiens, soit de le ritualiser complètement.
De mon côté, Noony se montre bien plus agitée lorsque je pars en l’ignorant. Je lui dis généralement « au revoir, je reviens tout bientôt », ce qui déclenche chez elle le réflexe d’aller se coucher.
Investir dans des colliers électriques
Je ne vais pas m’étendre sur le sujet tellement je trouve ces produits à vomir 🤢.
Les colliers électriques masquent le problème sans en régler la cause. Pire, il arrive même que certains chiens en souffrance s’automutilent avec ou développent d’autres problèmes de comportement difficiles à soigner.
Bien heureusement, l’utilisation de ces colliers devrait bientôt être interdite en France. De nombreux pays tels que l’Allemagne, la Suisse, l’Autriche, le Pays de Galle, le Danemark, la Norvège, la Suède, la Slovénie, l’Écosse et l’Angleterre ont banni ces outils de torture.
Croisons les doigts pour que cette loi soit vite votée chez nous ! 🤞
Que faire si l’anxiété de séparation est installée ?
Votre chiot grandit et présente encore des signes d’anxiété lorsque vous vous absentez ? Vous venez d’adopter en refuge ? Dans ce cas je vous conseille :
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de faire appel à un professionnel comportementaliste : il pourra vous aider à comprendre l’origine du problème et sera en mesure de vous proposer des solutions personnalisées.
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de vous adapter : en laissant votre chien en garderie (de plus en plus de structures dans le genre ouvrent ces dernières années) ou en demandant à un dogsitteur ou un proche / voisin de le visiter régulièrement.
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d'acheter une caméra d’observation : elle vous aidera à mieux cerner les problèmes de comportement de votre animal. Par exemple, un chiot qui commence à détruire après seulement une heure d’absence alors qu’il était calme auparavant pourrait souffrir d’ennui, tandis qu’un autre qui détruit immédiatement après votre départ pourrait être victime d’anxiété de séparation.
En bref, apprendre à son chiot à rester seul est un apprentissage essentiel qui demande de la patience et de la bienveillance. La seule chose que je pourrais encore vous conseiller est de prendre un congé lorsque vous adoptez. Vous pourrez ainsi profiter de ce temps privilégié pour lui apprendre à gérer la solitude. Dans tous les cas, ne soyez pas trop dur avec vous-même et acceptez de demander de l’aide si vous vous sentez dépassé.